Comme dans n’importe quelle discipline, la production musicale comporte des particularités et des contraintes auxquelles tout DJ producteur doit faire face tôt ou tard.
Dans les lignes qui suivent, vous allez découvrir des mauvaises habitudes prises par les débutants, et comment les corriger tout de suite :
1/ Envoyer tous les instruments vers une piste « Master » commune
Par défaut dans votre logiciel de création musicale (comme Fruity Loops par exemple), dès que vous ajoutez un instrument il sera envoyé (« routé ») vers la piste Master. Le problème c’est que plus vous avez d’instruments, et plus ça devient le bordel à gérer, surtout si vous voulez faire les choses proprement…
=> Ce que vous pouvez faire :
Envoyez chacun de vos instruments (synthé, piano, grosse caisse, basse…) vers une piste dédiée dans le Mixer. De cette manière, vous pourrez contrôler précisément le volume, le panoramique et tout un tas d’autres paramètres indépendamment pour chaque piste, avec un Master complètement séparé de tout le reste !
2/ Croire qu’il faut absolument du matériel haut de gamme pour débuter
Le but en tant que DJ producteur c’est de vous faire plaisir en créant du son ! Bien sûr si vous pouvez vous offrir du matériel correct (un logiciel de studio numérique avec la licence et des VST, un clavier maître, un contrôleur MIDI…) c’est mieux, mais l’idée c’est déjà de prendre votre pied rien qu’en étant dans la démarche de création musicale, même si votre équipement est très basique…
=> Ce que vous pouvez faire :
Si possible, placez vos enceintes à hauteur d’oreille et à égale distance sur votre droite et sur votre gauche, par exemple à 50 cm de chaque côté, et évitez de les coller à un mur (pour atténuer l’effet de réverbération). Si vos voisins vous cassent les c***lles car vous faîtes trop de bruit, vous pouvez travailler uniquement au casque s’il est de qualité un minimum correcte. Ce n’est pas le top, mais c’est ce que je fais depuis des années pour pouvoir avancer sur mes compos à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit (par contre j’ai un casque « ouvert » de très bonne qualité : le Sennheiser HD 595, je vous le recommande vivement, c’est une tuerie rapport qualité / prix !).
3/ Abuser des effets pour tenter d’embellir la musique
Souvent quand on commence la MAO, on est tenté de faire un peu tout et n’importe quoi avec les différents traitements du son possibles, car ils sont très nombreux, et souvent difficiles à comprendre à et maîtriser. On a tendance à vouloir en mettre beaucoup en se disant que ça va améliorer la sonorité de tel instrument, ou que ça va donner du corps à telle ligne de basse… C’est souvent faux : dans la plupart des cas il vaut mieux en mettre moins mais savoir quel type d’effet mettre sur quel type d’instrument, pourquoi, et surtout comment bien le régler…
La gestion des effets en production musicale est assez différente par rapport à l’utilisation qu’on en a en DJing. Une reverb peut donner du corps à une mélodie (un piano, un synthé… par exemples), mais contrairement à l’effet de reverb appliquée par un DJ, il se peut qu’on ne la perçoive même pas en tant qu’auditeur « moyen » dans une compo.
Les effets en production musicale sont souvent plus fins, plus subtils et précis que ceux lancés « à la volée » en DJing, avec un logiciel de Mix comme Traktor ou Virtual DJ, un multi-effets intégré à la console de Mix, ou encore avec un boitier d’effets externe.
En MAO, les paramètres des effets sont bien plus nombreux et complexes que ceux utilisés par les DJs, et c’est justement à vous d’en faire bon usage sans abuser de leur « puissance », ni de leur impact sur le son d’origine. Vous pouvez par exemple modifier l’enveloppe ADSR qui joue sur la dynamique d’un son.
=> Ce que vous pouvez faire :
Évitez de filtrer (« EQ ») vos instruments de façon trop sévère ou trop franche. Vous pouvez utiliser des presets souvent disponibles dans les logiciels et plugins (« VST »). Mais surtout, faites attention aux fréquences basses qui sont souvent les plus chiantes à gérer (comme en DJing) : dans le doute, atténuez-les !
Évitez aussi de trop compresser vos pistes, allez-y avec parcimonie et utilisez de préférence un compresseur multi-bandes pour rendre vos réglages plus précis.
4/ Travailler en se cassant les oreilles
Que ce soit en DJing ou en produisant des morceaux, les débutants ont facilement tendance à bosser avec un volume trop fort…
=> Ce que vous pouvez faire :
Non seulement vous ne créerez pas de meilleurs morceaux si vous travaillez avec un fort volume, mais surtout vous allez perdre peu à peu (mais sûrement) de votre capacité auditive (vous pouvez même avoir des acouphènes de cette façon !). Gardez un volume suffisant pour entendre ce que vous faites (!), mais sans que ça ne fatigue votre oreille. Essayez de réduire le bruit de fond environnant plutôt que de le camoufler en augmentant le volume.
5/ Ne pas structurer le morceau
Sans une structure précise et « réfléchie », il devient difficile (voire impossible) de Mixer un titre. Quand vous Mixez, vous alignez vos morceaux sur leurs boucles de 16 temps musicaux qui agissent comme des repères, et cela a été prévu par le compositeur à la base.
=> Ce que vous pouvez faire :
Respectez les règles de base de la théorie musicale quand vous composez : les mesures en 4/4, des boucles de 16 temps… (plus d’infos sur ce sujet dans le Cours DJ n°1 dédié au calage tempo).
6/ Dépasser le seuil de 0 dB sur une ou des pistes
Vous le savez sans doute (j’insiste beaucoup sur ce point dans mes Cours de Mix) : quand vous Mixez vos morceaux, évitez de dépasser le niveau de 0 dB sur le VU-mètre (corrigez vos gains et la sortie Master de votre table de Mix en conséquence). C’est important pour garder un signal de qualité optimale, et aussi pour protéger les amplificateurs qui alimentent les enceintes !
On retrouve ce soucis chez les DJs producteurs débutants quand ils créent leurs morceaux.
=> Ce que vous pouvez faire :
En production musicale, vous devez être encore plus strict et soucieux : le niveau de votre piste Master ne doit jamais atteindre le 0 dB. Je vous conseille même de faire en sorte que les pics ne dépassent pas le seuil de -3 dB maximum. Dans le cas contraire, vous perdez rapidement en qualité sonore… Vous pouvez utiliser un limiteur ou un compresseur (attention à leur réglage !) pour réduire les risques d’abus 😉